L’Organisation des Nations unies pour le Développement industriel (ONUDI) a présenté officiellement le 12 juin 2024 à Yaoundé un nouveau projet visant à améliorer la qualité et accroître la compétitivité internationale du café et du cacao au Cameroun, en renforçant leur chaîne de valeur de la production à la vente. Il s’agit du projet : « Promotion de la compétitivité des produits camerounais et des partenariats commerciaux internationaux, par le renforcement des technologies de pointe », autrement appelé « Promoting International Competitiveness and Sustainability of Cameroonian products through advancing technologies » (PICS) en anglais. L’objectif général du projet est de contribuer au développement des compétences commerciales des acteurs, à la compétitivité durable des produits des chaînes de valeur du cacao et du café camerounais et à l’établissement des partenariats commerciaux internationaux en renforçant les technologies de pointe, l’innovation et la capacité d’assurance qualité tout au long des chaînes de valeur.
« Il y a beaucoup de choses que ce projet va apporter dans la filière cacao et café. C’est le Japon qui finance et ce pays est connu pour sa capacité à créer des nouvelles technologies et les transférer. Tout d’abord de faire en sorte que de nouvelles technologies et l’innovation soient insérées dans la commercialisation de ces produits camerounais », explique le représentant-résident de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI), Dr. Raymond Tavares. « Il y a un côté pratique, on commence toujours par la capacité productive qui doit être améliorée pour faire un produit meilleur, un produit qui puisse être accepté partout. Le Cameroun produit du bon cacao et du café, mais on peut améliorer avec les expériences internationales mais aussi avec la nouvelle technologie qui sera dans cette chaine des valeurs », ajoute le responsable de l’Organisation Onusienne retenue comme agence d’exécution.
La digitalisation et l’innovation mises à contribution
Pour atteindre les résultats escomptés du projet et maximiser l’impact des interventions planifiées, le PICS va travailler avec un large éventail d’acteurs privés et publics clés du secteur et favorisera le développement durable tout au long de la chaîne de valeur. Le projet entend mettre un accent sur la collaboration étroite avec les acteurs clés du secteur, ce à tous les niveaux. L’approche permettra d’identifier « soigneusement et efficacement » les principaux défis du secteur et de mettre en œuvre des solutions appropriées. L’approche permettra également de tirer parti du système national/sectoriel existant et d’éviter les doubles emplois et, par conséquent, d’atteindre efficacement les objectifs du projet. Dans le cadre de la mise en œuvre des activités, la digitalisation et l’innovation seront mises à contribution pour assurer la durabilité de l’engagement de développement des différentes parties prenantes.
Deux principaux résultats sont attendus. Le premier est relatif à la mise à niveau des acteurs nationaux de la chaîne de valeur cible du projet sur le plan technologique, afin qu’ils soient dotés de capacités leur permettant d’acquérir les compétences commerciales requises pour exporter et répondre aux exigences du marché. Le deuxième résultat quant à lui porte sur l’amélioration de la capacité d’assurance qualité au niveau du secteur cible du projet, par le renforcement des institutions intermédiaires, des associations et de l’expertise sectorielle afin de soutenir les acteurs clés de la chaîne de valeur et d’encourager le marché à améliorer la qualité, la création de valeur et le développement des entreprises.
Un projet adossé aux Objectifs de Développement durable (ODD)
A en croire l’ONUDI, cinq principaux Objectifs de Développement durable (ODD) seront réalisés à travers le PICS. Il s’agit des ODD 5 et 10. A ce niveau, le projet reconnaît que l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes et l’amélioration de l’accès des femmes aux technologies modernes dans la chaîne de valeur des produits d’exportation camerounais, y compris les cultures de rente, ont un impact positif significatif sur la croissance socioéconomique soutenue et le développement industriel inclusif, qui sont des moteurs clés du développement sectoriel holistique. Dans ce contexte, le projet vise à démontrer les bonnes pratiques dans l’intégration des aspects de genre dans sa mise en œuvre et à prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir les impacts négatifs sur les personnes, en raison des questions de genre. Le projet comprend une analyse substantielle de l’égalité des sexes et va prendre des mesures pour encourager les femmes et les jeunes à participer aux activités, conférences et formations et pour veiller à ce que les femmes et les hommes, ainsi que les personnes handicapées, bénéficient autant que possible du renforcement des capacités et d’autres activités.
L’ODD 9 sera aussi adressé. L’ONUDI est l’agence spécialisée des Nations Unies qui promeut le développement industriel pour la réduction de la pauvreté, la mondialisation inclusive et la durabilité environnementale. Sa mission, telle que décrite dans la Déclaration de Lima adoptée à la quinzième session de la Conférence générale de l’ONUDI en 2013 ainsi que dans la Déclaration d’Abou Dhabi adoptée à la dix-huitième session de la Conférence générale de l’ONUDI en 2019, vise à promouvoir et à accélérer le développement industriel inclusif et durable dans les Etats membres. L’atteinte des objectifs assignés au présent projet passe par le renforcement des capacités techniques et technologiques des principaux acteurs des chaînes de valeur du cacao et du café. Certaines activités planifiées consisteront à fournir aux bénéficiaires du projet, des équipements de pointe et de nouvelles technologies pour améliorer les quantités et la qualité des produits.
Les ODD 13 et 15 ne sont pas en reste. Conformément aux politiques et procédures de l’ONUDI en matière de sauvegarde environnementale et sociale, le modèle de vérification environnementale et sociale a été complété et ce projet a été classé dans la catégorie B. Les projets de catégorie B sont susceptibles d’avoir moins d’effets négatifs sur les populations humaines ou les zones importantes sur le plan environnemental que les projets de catégorie A. Par conséquent, un plan de gestion environnementale et sociale (ESMP) décrivant les risques environnementaux et sociaux liés aux interventions du projet sera élaboré au cours de la phase de démarrage.
Quand le Japon se tient aux côtés du Cameroun pour soutenir sa politique agricole
Le projet : « Promotion de la compétitivité des produits camerounais et des partenariats commerciaux internationaux, par le renforcement des technologies de pointe » a pour principal bailleur de fonds le gouvernement du Japon. Lancé en avril 2024, sa durée d’exécution est de trois ans. Les principaux interlocuteurs au niveau du gouvernement camerounais sont les ministères de l’Agriculture et du Développement rural (MINADER) et du Commerce (MINCOMMERCE). Quant aux bénéficiaires du projet, ils se recrutent parmi les acteurs des chaînes de valeur cacao et café notamment les coopératives de planteurs, petits exploitants agricoles, traders/exportateurs, transformateurs post-récolte et d’autres micro-entreprises manufacturières.
Le coût global du projet est de 1 880 989.42 dollars US, soit environ 1,14 milliard de F.CFA. La coordination nationale du projet sera assurée par M. Francis Nzukou Djoughem. L’échange de notes pour le projet s’est déroulé le 5 mars 2024 entre le Chargé d’affaires par intérim à l’Ambassade du Japon au Cameroun, Ikeda Kiyohiko et M. Raymond Tavares de l’ONUDI. Le Japon réitère ainsi son soutien prononcé pour le Cameroun lors de la huitième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique, tenue en août 2022.
Selon l’Office national du cacao et du café (ONCC), la production nationale de cacao a culminé à 262 112 tonnes lors de la campagne cacaoyère 2022-2023. Ce qui est une baisse de 33 051 tonnes, soit 11,2%, comparés aux 295 163 tonnes de production commercialisée enregistrée au terme de la campagne 2021-2022. D’après le ministère du Commerce, les recettes liées cacao s’élèvent à 400 milliards F.CFA par an. Pour ce qui est du café, les données publiées par l’Institut national de la Statistique (INS) dans son rapport relatif aux activités du commerce extérieur au Cameroun en 2023 révèlent que les exportations du pays se seraient établies à 13 314 tonnes, à raison de 12 882 tonnes d’arabica et de 373,7 tonnes de robusta. Les recettes générées sont de l’ordre de 19,4 milliards de F.CFA.